1 février 2017
L’architecture, d’abord un voyage intérieur

Avant même de se projeter dans le concept architectural, urbanistique ou dans la mise en espace d’un écrin à une forme plus ou moins définie de l’activité humaine, il est souhaitable de réfléchir à ce pour quoi nous sommes amenés à intervenir dans l’organisation du cadre de vie de nos semblables.

Si le rôle d’un architecte semble assez bien déterminé par la société et la culture dans laquelle il évolue, la phase initiale de la moindre de ses interventions ne serait-elle pas de relativiser ce rôle et de ne plus s’identifier à ce dernier ?

Dans la plupart des cas, ce premier pas vers la conscience nécessite un travail important d’introspection qui s’inscrit en opposition à bon nombre de concepts qui nous ont été inculqués par les maîtres à penser qui officient dans des structures destinées à former des détenteurs de vérité. La tâche est donc éminemment compliquée et il n’est pas rare de pouvoir observer un certain nombre d’attitudes hautaines et prétentieuses, lors de colloques ou ateliers de travail, dans lesquels les architectes-urbanistes se targuent d’avoir compris et interprété les besoins de ceux pour qui ils travaillent, en oubliant souvent que cette compréhension ne passe que par le filtre de leurs égos.

Faire preuve d’humilité, c’est sans doute ce qui nous est demandé. Définir le sens de chaque geste et de chaque intention, c’est garder en mémoire que nos compétences doivent se mettre au service de ceux qui vont évoluer dans le cadre que nous bâtissons et que nos convictions, aussi brillantes soient-elles, peuvent ne pas être en adéquation avec les besoins fondamentaux d’autrui.

Le modelage des intérêts particuliers et des intérêts généraux est une phase secondaire où la bienveillance n’exclut pas une certaine fermeté. C’est le balisage d’un chemin toujours changeant dans les petites et grandes adversités, notamment d’une administration autarcique et déconnectée des réalités, pour porter à terme le fruit de notre travail, idéalement pour le bien du plus grand nombre.

Comme les sculpteurs, nous sommes des créateurs… à une différence près : nos « œuvres » sont au service d’une activité humaine qui nous échappera et financées par ceux au service desquels nous intervenons. Ces considérations basiques devraient remettre dans la bonne perspective le respect que nous devons à ceux qui nous mandatent et dicter consciemment quelques-uns de nos choix, en particulier lorsqu’il s’agit des intérêts de la collectivité publique.

Gilles Degaudenzi /2dlc Architectes partenaires s.a.