11 avril 2018
Tiziano Cucca, architecte de la fonction

Né en Sardaigne dans un village de montagne où l’habileté manuelle est une vertu cardinale, Tiziano
ne se doutait pas que son père enracinerait en lui ce qui deviendrait le jalon de sa vie professionnelle :
l’intelligence pratique et l’amour du travail bien fait. Pour lui, savoir n’a de sens que dans le partage,
bâtir n’a de but que le bien-être. 7 questions posées à cet architecte de la fonction

2dlc : Tiziano, comment êtes-vous arrivé à l’architecture ?

Tiziano Cucca : Après avoir débuté ma vie active comme dessinateur en architecture, j’ai très rapidement
occupé la fonction de chef de projet. Devenir architecte n’était pas un but en soi, si ce n’est didactique,
car je m’épanouissais déjà dans la dimension fonctionnelle de la construction.

Cette dimension fonctionnelle, comment la définissez-vous ?

Je ne conçois pas l’architecture sans considérer l’intérêt supérieur de l’usager. Bâtir un habitat,
c’est produire du bien-être dans la vie de tous les jours, dans la cohabitation, créer des liens,
mais également rechercher l’intimité d’un lieu qui nous correspond, un peu comme un refuge, un « chez-soi ».

La forme suit donc bien la fonction ?

Pour moi, c’est l’essence même de l’architecture, qui doit subordonner la forme — aussi créative soit-elle — à
l’habitabilité et au confort. L’utilisateur doit s’y retrouver et pas simplement subir une forme qui ne
serait qu’esthétisme. Dans la phase de conception, ce sont les habitudes de vie du client qui m’inspirent.
C’est ce qui va décider de la forme, qui devrait être développée dans un souci d’équilibre.

À chaque réalisation, quelle est votre plus grande satisfaction ?

Durant ma carrière, j’ai plus souvent construit que conçu ; je suis naturellement plus proche du terrain
que de l’atelier. Aussi, c’est dans la gestion des corps d’état et dans la valorisation de leur travail
que je trouve mon accomplissement. Réussir à conjuguer et coordonner les compétences, les efforts de
l’ensemble des protagonistes qui oeuvrent dans le même but reste pour moi une source d’étonnement autant
que de satisfaction. C’est encore plus vrai lorsque l’ouvrage est complexe.

Ce qui vous impressionne le plus dans l’architecture ?

Les prouesses techniques. Dessiner une tour de 800 mètres de haut comme le Burj Khalifa est à la portée de
n’importe quel projeteur, la construire est autre chose. Dans tout projet, j’attribue une grande part du
mérite aux ingénieurs qui imaginent des processus de mise en œuvre, des solutions souvent d’une
extraordinaire inventivité pour rendre possibles les formes les plus audacieuses.

Que pensez-vous apporter à 2dlc ?

Mon expérience pratique, mon aisance dans les sujets techniques. Par ailleurs, ma philosophie de vie m’amène
à favoriser tout ce qui est de nature à instaurer un climat de confiance et de concorde, que ce soit entre
nous ou avec nos partenaires. J’agis ainsi un peu comme un modérateur. De fait, je suis très sensible à la
qualité des relations humaines et je suis heureux de faire partie de cette équipe, de pouvoir partager mon
aventure professionnelle avec des associés de grande valeur, tant par leur personnalité que leur compétence.

Un conseil à un jeune architecte ?

Ne jamais ressentir d’orgueil dans le fait d’être le « sachant ». Savoir reconnaître et essayer d’apprendre
de ses erreurs. Donner le meilleur de soi pour satisfaire celles et ceux qui nous font confiance, collaborateurs,
clients, partenaires économiques.