28 août 2018
Gilles Degaudenzi : 10 questions posées à un associé investi du bonheur d’autrui

Petit-fils, fils et frère d’entrepreneurs en bâtiment, Gilles Degaudenzi a choisi de mettre son talent créatif au service de sa vision résolument humaniste de l’architecture.

2dlc. Comment l’aventure a-t-elle débuté ?

G.D. À l’exemple des hommes de la famille Degaudenzi, je me suis très tôt intéressé au bâti. Mais, peut-être différemment ; suite à ma formation de dessinateur en bâtiment, j’ai ressenti le besoin de m’exprimer dans la phase conceptuelle, de m’interroger sur les composantes du projet d’architecture, y compris dans sa dimension sociale.
C’est ce qui m’a amené à poursuivre mes études en architecture.

À quoi correspond la notion de créativité dans votre métier ?

L’architecte n’est pas un artiste qui à l’instar d’un sculpteur soumettrait un objet libre au marché. Nous développons notre réflexion dans un cadre normatif et financier restreignant inévitablement l’inspiration. Ma créativité, ou plus exactement mon inventivité est au service de la fonction. Pour la forme, je suis guidé par la volonté de produire de l’harmonie dans le ressenti des futurs occupants du lieu.

Avez-vous un style particulier ?

Je m’inscris moins dans la signature que dans la réflexion sur les modes de vie et la notion d’habitat. Et c’est de cette perspective-là que naissent les formes, les pleins, les vides de mes projets. Je n’ai pas été marqué par l’influence d’un mouvement, mais plutôt par l’effet de l’architecture sur le biotope humain.

Dans votre pensée, un bâtiment se dessine-t-il par le vide ou le plein ?

Indéniablement le vide, c’est-à-dire l’espace libre qu’il convient d’aménager avec justesse. C’est mon enjeu : créer des lieux harmonieux qui se juxtaposent naturellement avec l’aide de la transparence, de la lumière, de la circulation, du sentiment de fluidité. Mes projets débutent par le vide et forgent leur victoire dans la simplicité et la liberté du mouvement. C’est aussi à l’étape de la construction mentale que j’imagine les matériaux qui viendront composer ou habiller l’objet d’architecture.

En quoi trouvez-vous le plus de satisfaction ?

Invariablement dans celle des destinataires des lieux que je dessine et dans le respect de leurs exigences fonctionnelles et techniques.

Et dans l’architecture en général ?

J’apprécie toute ordonnance raffinée et non ostentatoire des volumes, mais aussi leur effet sur l’environnement et la sensation qu’ils provoquent. L’architecture, c’est finalement l’habillage amoureux du vide.

L’architecture adoucirait-elle les mœurs ?

Sans aucun doute. Un lieu sera « habité » autrement, selon sa nature et sa forme. C’est un sujet primordial pour moi, car travaillant sur de nombreux projets immobiliers à but social, je cherche à développer des ensembles favorisant la mixité, la rencontre, le dialogue et la sensation de sécurité. C’est généralement ce à quoi chacun de nous aspire : une vie ouverte sur le monde, de l’intimité sans la solitude, de la sécurité sans l’isolement.

Tenez-vous compte de l’environnement lorsque vous concevez un projet ?

Je me concentre surtout sur l’influence de mon dessin sur l’environnement. Une rupture stylistique apporte parfois plus qu’une réalisation mimétique. C’est la répercussion de la forme sur les humains et l’effet général, qui conduisent mes pas.

Quand une architecture est-elle réussie ?

Lorsque les occupants du lieu y trouvent la quiétude que l’on souhaite pour soi-même.

Que pensez-vous apporter à 2dlc ?

Je ne me satisfais jamais du confort de l’expérience. Au sein de l’équipe, je cultive la nécessaire dose d’intrépidité et d’audace qui stimuleront notre créativité et la quête de solutions nouvelles, aussi bien pour l’esthétique que la fonction. Je m’applique à ne pas limiter nos projets au respect des contraintes administratives et au cahier des charges. Je cherche ce supplément d’âme qui profitera aux habitants du lieu.